Face à la montée du populisme, l’Etat de droit et la liberté sont « en danger », alerte l’avocat français Patrice Spinosi. Dans La Matinale mercredi, il appelle à la vigilance: il faut faire attention à « qui on met au pouvoir ».
« Par essence, l’Etat de droit s’oppose au populisme », rappelle l’avocat au Conseil d’Etat et à la Cour de cassation en France. « Il impose aux dirigeants, même élus démocratiquement, de respecter des règles qui limitent leur pouvoir. »
Ce cadre juridique, mis en place après la Seconde Guerre mondiale, vise à protéger des libertés fondamentales « comme la liberté d’expression, de circulation ou le droit à un procès équitable » face à « des gouvernants susceptibles de leur porter atteinte », indique Patrice Spinosi.
« Discours détourné »
Selon Patrice Spinosi, les populistes « instrumentalisent un certain nombre de termes pour les retourner à leur bénéfice ». Il cite l’exemple de Marine Le Pen qui a invoqué l’Etat de droit pour dénoncer sa propre condamnation dans l’affaire des assistants parlementaires européens. « C’est une déformation du discours », commente l’invité de La Matinale. « Les populistes se réapproprient certains termes pour mieux tromper les électeurs. »
L’auteur du livre « Menace sur l’Etat de droit », paru aux éditions Allary, pointe aussi les « tensions extrêmement fortes » entre les leaders populistes et les contre-pouvoirs, notamment la justice et la presse. Il évoque la stratégie de Donald Trump aux Etats-Unis, qui s’en prend ouvertement aux juges qui bloquent ses décisions: « L’un d’eux a même été arrêté. On voit bien la volonté de les mettre en cause. »
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Patrice Spinosi s’inquiète aussi de la « multiplication des législations d’exception », comme celles adoptées pendant la pandémie de Covid ou face au terrorisme. Si elles ne sont « pas contraires à l’Etat de droit » en soi, leur usage abusif pourrait l' »affaiblir » durablement. Mais le vrai « danger », selon lui, c’est leur « détournement » par un gouvernement populiste.
La liberté est éphémère, il faut y faire attention
« Attention à la liberté »
L’avocat rappelle que les libertés dont nous bénéficions aujourd’hui sont le fruit de combats passés, mais qu’elles restent fragiles. « En votant pour des partis populistes, on risque de dilapider cet héritage, prévient-il. « La liberté est éphémère, il faut y faire attention. »
Pour Patrice Spinosi, le danger vient aussi des dirigeants eux-mêmes: « Certains, une fois au pouvoir, peuvent être tentés de restreindre les libertés pour servir leurs intérêts. » Une menace d’autant plus réelle que « plusieurs gouvernements occidentaux sont aujourd’hui dirigés par des populistes », incarnant ce qu’il appelle des « démocraties illibérales ».
Il cite plusieurs exemples: la Hongrie de Viktor Orban, « la Pologne qui oscille et qui est restée pendant dix ans sous le coup du parti PIS », la « montée de l’extrême droite en Italie et en France » et Donald Trump aux Etats-Unis. Le président américain « montre la vitesse à laquelle un leader populiste aussi déterminé que lui peut démanteler une démocratie qu’on croyait installée. Le danger est là », insiste Fabrice Spinosi.
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Propos recueillis par Aleksandra Planinic
Article web: juma
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