L’avocat montpelliérain Mickaël Poilpré assure que si l’adolescente dont il défend les intérêts a agi de la sorte, le 2 avril dernier, c’est parce qu’elle était excédée d’être harcelée depuis septembre. Entretien…

Les faits

Le 2 avril dernier, vers 16 heures, Samara, une adolescente de 13 ans, scolarisée au collège Arthur-Rimbaud à Montpellier, a été prise à partie et rouée de coups. Victime de crises d’épilepsie, elle a été admise en soins intensifs à l’hôpital Lapeyronie et placée en coma artificiel jusqu’au lendemain.

Rapidement identifiés, ses trois principaux agresseurs ont été mis en examen pour tentative d’homicide sur mineure de 15 ans et placés sous contrôle judiciaire. Il s’agit d’une camarade de classe âgée de 14 ans et de deux Montpelliérains de 14 et 15 ans, non scolarisés dans cet établissement.

Maître Poilpré, nous avons appris que votre cliente se serait confiée à vous, en vous disant que le harcèlement entre elle et Samara était mutuel. Le confirmez-vous ?

Oui tout à fait, c’est d’ailleurs la principale critique qu’elle a formulée à l’encontre de Samara. C’est ce harcèlement qu’elle a subi de sa part depuis les environs de la rentrée dernière.

Concrètement, pourquoi cette rivalité entre elles ?

L’origine de la rivalité est assez obscure. En définitive, j’ai la sensation, d’après ce que me dit ma petite cliente, que Samara avait plusieurs cibles concernant ses publications un petit peu humiliantes. Il s’agit de photos, envoyées sur Snapchat la plupart du temps, un peu trafiquées. Dans le sens où il y a une mise en scène qui est en défaveur de la personne prise en photo.

Elle me disait qu’elle avait été prise pour cible par Samara ainsi que d’autres camarades. Donc je ne pense pas que, de la part de Samara, il y avait une volonté spécifique de l’avoir dans sa ligne de mire pour une raison particulière. Je pense que c’était un peu global comme comportement.

D’ailleurs, toujours selon ma petite cliente, il y a eu une altercation, peu de temps avant, entre Samara et une autre collégienne qui en était venue aux mains parce qu’elle n’avait pas supporté le comportement de Samara. Ça restera à déterminer dans le cadre de l’enquête.

Des sources proches de l’enquête nous ont parlé de photos sans voile et d’autres avec filtres présentant des oreilles de lapin postées sur les réseaux sociaux… Est-ce aussi futile que cela ?

C’est effectivement des photos de cet ordre-là. Ma petite cliente me parlait d’une collégienne en surpoids que Samara aurait mise en scène à côté d’un cochon comme s’ils étaient en couple. Ça ne vole pas bien haut.

On est loin du motif religieux qui a été brandi…

Oui, on est loin de ça. En fait, il y a eu des insultes qui sont des noms d’oiseaux et qui n’ont pas de lien avec une orientation particulière, sexuelle ou religieuse. Il faut les prendre au premier degré. Ce sont des insultes qui sortent comme ça, à la volée, et qui n’ont pas de fondement intellectuel particulier. C’est vraiment du crachat.

Pouvez-vous revenir sur cette histoire de cheveux rouges ?

C’est la partie la plus incompréhensible de ce dossier. C’est la maman de Samara qui a mis ça en avant en disant que sa fille se faisait souvent insulter de “kouffar”, “mécréante”, etc., parce qu’elle s’était teint les cheveux en rouge. Symbole d’un laisser-aller féminin qui ne serait pas compatible avec les préceptes musulmans. Tu ne mets pas le voile donc t’es une p…, si tu te teins les cheveux ou si tu fumes, c’est pareil.

Sauf que lorsque j’ai rencontré ma petite cliente, je me suis aperçu qu’elle aussi avait les cheveux teints en rouge. Et elle m’a bien fait comprendre qu’elle était intégrée, pas intégriste.

« On inverse les rôles, c’est insupportable »

Les propos de Maître Mickaël Poilpré, mettant en cause « l’action initiale » de la jeune Samara à l’encontre de sa cliente, font vivement réagir Me Marc Gallix, l’avocat de l’adolescente et de sa mère. « On inverse les rôles, c’est insupportable. Samara a frôlé la mort, elle a été lynchée et apassé 24 h en coma artificiel. » 

Pour le pénaliste, « la seule certitude à ce jour est que Samara a été sauvagement agressée. Je prendrai connaissance du dossier pénal quand sa mère aura été entendue, le 22 avril prochain. Je serai à ses côtés. Est-ce qu’il y a eu vraiment des manquements de la part de ceux qui encadrent les élèves : principal, professeur principal, surveillants ? Pourquoi on a laissé Samara sortir alors qu’elle avait été menacée et avait fait l’objet de violences quelques jours auparavant ? Était-elle victime de harcèlement et de violences répétés ? L’enquête le déterminera. »

Me Gallix poursuit : « La juge d’instruction va se faire communiquer le rapport des deux inspecteurs venus de Paris pour faire la lumière sur les faits (Inspection générale de l’éducation, du sport et de la recherche, NDLR), et qui ont entendu la mère de Samara. Il y a d’autre part l’enquête judiciaire. Cette affaire est prise très au sérieux par les autorités politiques et judiciaires. » 

Rappelons que la jeune fille est sortie de l’hôpital Lapeyronie lundi 8 avril, mais qu’elle reste suivie en pédopsychiatrie et neuropsychiatrie. « Psychologiquement, elle ne va pas bien. Elle se couche tard et a du mal à trouver le sommeil. Elle a peur de rester seule », nous confiait la mère de la collégienne, il y a quelques jours.

Avec le recul, comment vit-elle la chose ?

Elle vit très mal le tapage autour de cette affaire parce que ça prend des proportions qui la dépassent totalement. Les violences qui ont été subies par Samara l’ont également dépassée tant dans ce qu’elle souhaitait que dans ce qu’elle avait pu imaginer. Ça lui a totalement échappé au final et elle le regrette.

Pour elle, si elle a agi ainsi, c’était pour marquer un ras-le-bol. C’était une réaction et non pas une action. L’action, pour elle, émanait de Samara, c’est-à-dire cette provocation, ce harcèlement à outrance malgré les demandes répétées que ça puisse cesser. Elle est enfin choquée d’avoir subi une garde à vue assez longue. D’avoir subi une mise en examen et d’être placée sous contrôle judiciaire.

Et actuellement, elle est soumise à un déracinement géographique qui lui est pénible. Elle a dû quitter ses amis et sa famille. Elle doit refaire sa vie à plus de 200 km de Montpellier. Mais pour sa maman, c’était indispensable de faire table rase de tous ces méandres pour repartir sur des bases saines. Tout cela reste très lourd à porter sur les épaules d’une gamine de 14 ans.

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