l’essentiel Le rôle de l’avocat commis d’office est souvent empreint d’idées reçues et de clichés. Plusieurs d’entre eux ont accepté de partager et d’expliquer la réalité de leur quotidien. Rencontre.

« Dès mon 1er jour, j’étais commis d’office pour une comparution immédiate. L’histoire. C’est celle d’un jeune homme qui face à son expulsion d’un foyer l’avait dégradé de colère. Il vivait avec sa compagne, enceinte, et ils devaient quitter les lieux, car ils y étaient installés depuis trop longtemps. Je n’ai pas pu empêcher sa détention, rembobine Me Renaudie. En sortant, une femme me tape l’épaule et me demande où elle dort ce soir. C’était en janvier 2012. » La réalité glaçante auquel les avocats commis d’office font face au quotidien.

Les affaires comme le profil des clients sont variées en tant que commis d’office. Au barreau d’Agen, une petite moitié des hommes et femmes en robe sont inscrits sur ce qu’on appelle les listes de permanence. « Ici, c’est sur la base du volontariat. Des plannings sont faits, on est titulaire pendant deux jours pour une « perm », avec trois suppléants. On assure les gardes à vue ainsi que les audiences d’urgence au palais de justice », précise Me De Behr.

En effet, comme son nom l’indique, l’avocat commis d’office est désigné par le bâtonnier, autrement dit le chef des avocats. Ensuite, l’avocat de permanence assiste à la garde à vue. Lors de son arrivée, il a le droit à un entretien préalable de 30 minutes avec son client, qu’il assistera jusqu’à son jugement, si jugement il y a.

Un rôle formateur et un travail dans l’urgence

L’idée reçue veut que le commis d’office soit un avocat débutant voire incompétent. Pour Me Gillet, c’est tout l’inverse : « On a aucun intérêt d’être mauvais, on veut sortir du lot. Si on débute dans le métier, c’est l’occasion de se faire un nom et de se créer une clientèle. À Agen, les avocats ont de la bouteille, c’est une idée reçue qui ne tient pas. »

C’est par ce biais que Me Renaudie a débuté, comme détaillé précédemment. « Quand on est commis d’office, il faut travailler dans l’urgence, on crée des réflexes. Il faut savoir s’adapter », souffle celui qui a 13 ans d’expérience à la barre. « Je m’ennuyais dans le droit des affaires, alors j’ai commencé à faire des permanences à Périgueux. J’y ai pris goût, j’aime l’adrénaline », confesse Me Gillet.

En effet, le temps de préparation est maigre. Pour les comparutions immédiates, cela va très vite entre la garde à vue et le jugement, il n’y a que quelques jours maximum. « Souvent les dossiers sont peu épais », précise Me Gillet, qui plaide à Agen depuis une décennie. « L’expérience est très utile aussi », souffle Me De Behr qui est avocate depuis 24 ans.

« L’essence même du serment d’avocat »

Quand on s’inscrit sur les plannings, ce n’est pas l’attrait de l’argent qui est le moteur.  » C’est un complément de revenu », admet Me De Behr, avocate à Agen depuis 13 ans. « C’est à ce moment que j’ai découvert le rôle du commis d’office. » Même son de cloche du côté de Me Gillet, après 12 ans d’expérience dans cette fonction : « On ne gagne pas sa vie en tant que commis d’office, il ne faut pas fantasmer. »

Pour ces avocats, qui enchaînent les permanences, parmi d’autres, l’important reste l’humain. « Faut avoir la flamme de défendre l’Humain. Il y a un devoir d’assistance, c’est l’essence même du métier », philosophe Me Renaudie. Me Gillet renchérit : « Il ne faut pas être dans le jugement et je pense être un peu à contre-courant. »

Face aux affaires variées, le spectre de la psychologie humaine est balayé. « Certains ont l’habitude donc ce n’est pas pareil. Pour d’autres, c’est parfois le premier contact avec la justice, c’est peut-être le plus intéressant sur le plan humain. On retrouve une part de nous, de nos propres échecs, dans nos clients », confesse Me Gillet.

Me Renaudie soulève le côté traumatisant que peut être le cheminement d’un jugement :  » Ils découvrent la brutalité de la justice, le temps est très court selon les dossiers, il y a un côté impressionnant. » Tous l’ont partagé, il faut arriver à gagner la confiance du client, tantôt paniqué, tantôt défiant vis-à-vis de la profession.

« On a que 30 minutes avec lui, sans accès au dossier », expriment-ils à l’unisson. Tous sont animés par cette envie de défendre et c’est pour cela qu’ils sont aux côtés de ces femmes et hommes dont parfois, quelques minutes, ont suffi pour changer leur destin.

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