Le JDD. Vous êtes l’avocat de familles d’otages et de victimes du 7 octobre, notamment d’une maman dont le fils, Jonathan Samerano, a été enlevé et tué par un employé de l’Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA). Publiées fin avril, les conclusions du rapport Colonna vous ont-elles satisfait ?

François Zimeray. Le rapport demandé à Catherine Colonna par Antonio Guterres, secrétaire général de l’Onu, n’avait qu’un objectif assumé par son commanditaire : rassurer rapidement les donateurs pour sauver une organisation fortement discréditée. Ce n’est pas une enquête sur les faits, encore moins une évaluation critique du rôle de l’UNRWA sur un conflit qui dure depuis soixante-dix ans. Réalisé en quelques semaines, il est nécessairement superficiel alors que les enjeux méritaient une remise à plat profonde de l’organisation. Surtout, ce rapport n’écarte en rien les reproches, mais en confirme l’existence tout en minimisant leur portée : il souligne un problème de neutralité et de contrôle. Qu’y a-t-il de plus grave pour une instance onusienne qui absorbe une part conséquente de l’aide humanitaire mondiale ?

Paris aurait prévu 35 millions d’euros au moins, pour l’UNRWA. Vous avez donc écrit au ministre de l’Économie, Bruno Le Maire, et au ministre des Affaires étrangères, Stéphane Séjourné. Que leur demandez-vous ?

Où est Jonathan, enlevé par un agent de l’UNRWA dans un véhicule de l’UNRWA ? Où est son corps ? Comment expliquer à sa mère que la France va reprendre son financement sans avoir mené la réflexion approfondie que la gravité des enjeux appelle ? La Cour des comptes pourrait être saisie. Encore une fois, il ne s’agit pas de priver les Palestiniens d’une aide indispensable et urgente, mais de contrôler cette aide et de l’orienter enfin dans le sens de la paix.

Vous dites que ce rapport est accablant et qu’il minimise les griefs formulés contre l’UNRWA. Expliquez-nous…

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Il n’y a pas de paix sans éducation à la tolérance. Regardez l’Europe, elle doit beaucoup aux échanges franco-allemands pour la jeunesse, c’est à ce moment qu’on les a regardés avec d’autres yeux et nommés avec d’autres noms. Or, l’UNRWA dispense une pédagogie fondée sur des livres scolaires qui encouragent la haine et glorifient le martyre. Cet enseignement qui, en France, tomberait sous le coup de la loi, est financé par le contribuable.

C’est un enjeu essentiel, et le rapport aurait pu s’étonner de constater de tels manquements alors que cela a été dénoncé avec constance depuis vingt ans. Et puis il y a la culture du « retour » qui est entretenue par le statut héréditaire de réfugié. Dans ce conflit, de part et d’autre, le passé est un poison. D’ailleurs, les « colons » ne pensent pas autrement…

Dans le rapport Colonna, il est indiqué à plusieurs reprises qu’Israël ne fournit pas assez d’informations pour poursuivre les investigations sur les liens du personnel de l’UNRWA avec le Hamas.

Dans le cas de Jonathan Samerano, les preuves apportées n’ont jamais été contredites. Le massacre a été filmé, par les terroristes eux-mêmes ou par des caméras de surveillance. On voit les visages des terroristes. Certains avaient un badge de l’UNRWA. Le véhicule dans lequel Jonathan a été emmené à Gaza appartenait à l’UNRWA. Il y a donc un problème de contrôle et des complicités.

On l’a d’ailleurs constaté avec les tunnels du Hamas découverts sous le siège de l’UNRWA à Gaza. L’infrastructure offensive du groupe terroriste était intriquée dans certains bâtiments de l’agence onusienne, des tunnels branchés sur les tableaux électriques de l’organisation internationale. Tout cela ne passe pas inaperçu.

Le directeur de l’UNRWA, Philippe Lazzarini, dit qu’il n’était pas au courant. Peut-on le croire ?

L’un de ses prédécesseurs avait déclaré avoir connaissance d’un tunnel à proximité de l’UNRWA. Cette situation était d’ailleurs dénoncée depuis plusieurs années. Je veux bien croire Philippe Lazzarini, mais soit il ne savait pas et c’est un problème de gouvernance, soit il savait et c’est une question de complicité.

Dans les deux cas, c’est préoccupant, et il me semble qu’il aurait dû démissionner, ne serait-ce que par décence au regard de la gravité des enjeux. C’est peut-être cela qui aurait rassuré les donateurs, le signal que les leçons ont été tirées et que l’agence sera enfin contrôlée dans l’intérêt des Palestiniens qui est, au fond, exactement le même que celui des Israéliens.

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