L’avocat David Guyon veut assigner au tribunal de Montpellier le constructeur Stellantis dont les moteurs PureTech empoisonnent le quotidien d’automobilistes. Une plateforme d’indemnisation a été mise en place, « mais elle est insuffisante et trop restrictive », argue l’homme de loi.
Ce qu’il faut retenir
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Des centaines d’automobilistes, comme Christophe ou Sandrine à Montpellier, dénoncent des défaillances graves du moteur 1.2 PureTech (surconsommation d’huile, courroie de distribution défectueuse), utilisé dans plusieurs modèles du groupe Stellantis (Peugeot, Citroën, Opel, DS).
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Face à la multiplication des plaintes, Stellantis a lancé en janvier 2025 une plateforme d’indemnisation, mais ses conditions strictes (entretien annuel obligatoire) sont critiquées pour exclure de nombreux usagers, certains ayant déboursé des centaines voire milliers d’euros de réparation.
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L’avocat montpelliérain David Guyon lance une action collective contre le constructeur, espérant obtenir une indemnisation globale pour les victimes et faire condamner Stellantis sur la base des vices cachés et produits défectueux, avec l’ambition de créer un précédent judiciaire.
Christophe* est profondément lassé. Depuis l’an dernier, sa Citroën C3 perd toujours plus d’huile. « Je passe désormais deux litres par mois. Je ne sais pas combien de temps va s’écouler jusqu’au jour où le moteur va lâcher, mais il va lâcher m’ont prévenu plusieurs mécaniciens. Pourtant, la voiture a 9 ans et seulement 110 000 km seulement, ce qui m’incite à la garder. De toute façon, elle ne vaut plus rien sur le marché de l’occasion« , grogne-t-il.
Le problème ? Comme de nombreuses séries du groupe Stellantis (Peugeot, Citroën, Opel et DS), son véhicule est équipé du 1,2 litre PureTech, élu quatre fois moteur de l’année de 2015 à 2018 parce que ses trois cylindres permettaient de réduire la consommation d’essence mais qui affiche depuis de sérieux problèmes de fiabilité. La courroie de distribution, parce qu’elle baigne dans l’huile, se désagrège prématurément. Celle-ci étant encapsulée dans le moteur, ses particules partent dans le circuit de lubrification et créent des bouchons. Enfin, une étanchéité défaillante entraîne une surconsommation d’huile. Autant de défauts qui peuvent engendrer des casses moteur prématurées.
Christophe a bien fait le tour de concessions à Montpellier, « mais ce sont des franchisés qui me renvoient vers le constructeur, lequel est impossible à joindre« , dit-il dépité.
Un changement de la courroie aux forceps
À force de relancer le garage montpelliérain où elle avait acheté sa Peugeot 208 d’occasion en octobre 2023, « une seconde voiture pour les trajets du quotidien« , Sandrine* a obtenu, elle, la prise en charge de travaux. Mais que ce fut compliqué. « Neuf mois à peine après son acquisition, relate-t-elle, un voyant rouge s’est allumé. Je suis retournée à la concession où on m’a proposé de faire une pesée d’huile qui m’a coûté 400 € et qui a permis d’établir qu’il y avait une surconsommation. J’ai songé à la revente, mais c’était compliqué. C’est alors que je me suis rendu compte que la courroie de distribution n’avait pas été changée, alors que la voiture avait 9 ans et 6 mois au moment de l’achat« . Sandrine voit rouge une seconde fois et parvient à négocier le remplacement de la pièce. Au frais du franchisé. Pour autant, elle s’est habituée depuis à mesurer le niveau d’huile « tous les deux mois« et constate chaque fois qu’il baisse. « En fait, pour rouler avec une Peugot, il faut faire le plein d’essenceet d’huile« , ironise-t-elle.
Ce genre de témoignage s’est multiplié ces derniers mois au point que Stellantis, qui a d’abord abordé le problème avec légèreté, a ouvert en janvier dernier une plateforme permettant de demander une indemnisation, moins d’un an après avoir proposé une extension de garantie, jusqu’à 10 ans ou 175 000 km. « Mais c’est évidemment insuffisant. C’est même une façon pour Stellantis, en appliquant des conditions très strictes comme l’obligation d’avoir réalisé l’entretien chaque année, de rejeter la responsabilité sur le conducteur« , entame l’avocat montpelliérain David Guyon.
Mutualiser les frais de justice
Celui-ci s’est fait connaître en lançant une action collective dans le dossier « Takata », du nom de ces airbags défaillants qui équipent une trentaine de marques. « Plus de 200 personnes nous ont mandatés pour défendre leurs intérêts. C’est en discutant avec les uns et les autres que nous avons compris qu’il y avait aussi un problème sur le moteur PureTech« , dévoile-t-il. Il a donc lancé une seconde action collective et espère réunir un premier groupe de 50 plaignants pour assigner le groupe Stellantis devant le tribunal de Montpellier. « Le Code de la consommation permet d’amener l’affaire de la juridiction de notre choix, dès lors qu’un client est domicilié sur le ressort du tribunal. L’idée, c’est de sortir de la zone d’influence de Stellantis, à Paris, et de donner la possibilité à une juridiction de province, plus proche des réalités du quotidien, de prendre une position sur ce sujet d’enjeu national« , détaille-t-il.
Le Montpelliérain dit se démarquer d’une première démarche collective qui vise d’abord à négocier avec Stellantis. « Notre but est de mutualiser les frais de justice, un forfait d’une centaine d’euros par personne souvent pris en charge par l’assurance, pour réclamer l’indemnisation intégrale de chaque conducteur« , poursuit David Guyon. Celui-ci promet de demander l’ensemble des préjudices : « tous les frais de réparation, l’immobilisation du véhicule, sa perte de valeur, mais aussi le préjudice moral« .
David contre Goliath : « On sait qui gagne à la fin«
Ce combat judiciaire, c’est un peu David contre Goliath. « Mais on sait qui gagne à la fin. Et les chances de succès, c’est la loi qui nous les donne avec les notions de garanties de vices cachés et de responsabilité du fait des produits défectueux. Alors que Stellantis a reconnu des problèmes sur ses moteurs en lançant sa plateforme, ces deux arguments nous disent que l’indemnisation est automatique dès lors qu’on invoque la loi et que l’on fait la démonstration des préjudices subis. Mais il est vrai que pour un usager lambda, ce sont des démarches parfois complexes« , plaide encore l’avocat pour convaincre les usagers floués de rejoindre, comme l’ont fait une dizaine de premiers plaignants, son action collective.
Selon lui, une première condamnation pourrait ensuite faire domino dans ce dossier où on estime à 500 000 le nombre d’automobilistes qui auraient été victimes d’une défaillance du PureTech. « Cela pousserait peut-être Stellantis à négocier« , suggère David Guyon qui espère aussi, avec cette démarche, « sensibiliser le grand public à un monde plus juste dans lequel le monde capitaliste ne rejetterait plus ses erreurs sur le consommateur« . Un autre combat.
(1) Prénoms d’emprunt
« La satisfaction de nos clients »
« La sécurité et la satisfaction de nos clients sont les priorités de Stellantis ». C’est ainsi que le constructeur a annoncé, en janvier 2025, le lancement d’une plateforme en ligne qui permet de réclamer une compensation financière pour des frais de réparation survenus en raison d’une consommation d’huile excessive et/ou d’une dégradation prématurée de la courroie de distribution entre janvier 2022 et mars 2024. Mais il faut pour cela faire la preuve d’un entretien effectué selon les recommandations du constructeur. « J’ai dépassé une révision de quatre mois, quand la marge accepté et d’un mois, j’ai donc dû mettre de ma poche plus de 1000 € », témoigne Jean-Pierre à Montpellier. « J’ai dû batailler avec le concessionnaire qui voulait me faire payer les travaux qu’il a effectué sans mon accord, avant même le retour de Stellantis », dit Nathalie. Tous les clients ne semblent pas satisfaits.
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