« Peut-être avons-nous été trop naïfs » : les mots de l’avocat bordelais Pierre Blazy qui avait reçu, sans la croire, la première victime de l’affaire Bétharram. C’était il y a près de trois décennies en 1997. Depuis, 152 plaintes pour viols, violences physiques ou sexuelles, ont été déposées, dont 40 nouvelles présentées ce jeudi au parquet de Pau, pour des faits commis des années 1950 jusqu’aux années 2000.
Presque 30 ans après, Maître Pierre Blazy se souvient encore de ce rendez-vous dans son cabinet d’avocats à Bordeaux. « C’est très simple. Il y a un certain nombre d’années est venue me voir une dame avec son fils. [Son enfant] se plaignait qu’il y avait eu des attouchements, qu’il y avait eu un certain nombre d’actes sexuels qui lui avaient été imposés dans l’institution Bétharram.«
« Je ne vais pas être une espèce de nunuche (…) à systématiquement croire ce que me raconte le client »
La figure du barreau de Bordeaux avoue ce vendredi, dans un entretien accordé à « ici Gironde », ne pas avoir cru l’enfant. « Le gamin était un peu perturbé. Je ne savais pas si c’était vrai. On ne croit pas nécessairement le client. Je ne vais pas être une espèce de nunuche, si vous voulez, à systématiquement croire ce que me raconte le client. Ceci a l’air de vous surprendre. On n’imaginait pas. Comme à l’époque, on ne pouvait même pas imaginer tout ce qui a pu être dit concernant l’abbé Pierre. Ce n’était pas une époque où, systématiquement, toutes les affaires concernant le sexe étaient prises pour parole d’Évangile quand il y avait une victime qui venait vous la raconter. »
En l’absence de témoins ayant assisté aux attouchements dont lui fait part la victime, l’avocat conseille à la famille bordelaise de porter plainte. Le violeur et agresseur présumé, qui est le père Pierre Silviet-Carricart, ex-directeur de Bétharram, est alors placé en détention avant d’être « vite » libéré, comme le remarque auprès du journal L’Express le juge d’instruction de l’époque.
« Je connaissais Bétharram ! Je savais que c’était un collège dur, mais je n’imaginais pas une seconde qu’il pouvait se passer ça »
Tre ize jours plus tard, l’homme d’Église est en effet remis en liberté par une décision de la chambre de l’instruction. Certaines victimes soupçonnent que des pressions ont été exercées pour obtenir cette libération. Mis en cause par l’élève bordelais, le religieux met fin à ses jours en janvier 2000, se rappelle maître Pierre Blazy.
« On ne pouvait pas penser que le père Carricart allait se soustraire à l’action de la justice en se suicidant. On ne pouvait pas penser qu’il avait se sauver, qu’il allait exercer des pressions sur la victime. Ça semblait impensable à l’époque. »
Aujourd’hui, l’avocat Pierre Blazy fait part de ses regrets à l’égard de la victime. « C’est vrai que quand je regarde maintenant, peut-être là qu’effectivement, j’aurais dû systématiquement, peut-être le croire. Mais attendez, je connaissais Bétharram ! Je savais que c’était un collège qui était dur, mais je n’imaginais pas une seconde qu’il pouvait se passer ça. Et encore aujourd’hui, là, quand je vois tout ce monde, je me dis mais pu****, c’est pas possible. Je me pose des questions bien évidemment. Peut-être qu’à cette époque, quand même, nous étions trop naïfs parce qu’on ne se doutait pas que ça pouvait exister. »
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