Jean-Pierre Maldera, 71 ans, ancien parrain de la pègre italo-grenobloise, a été tué ce mercredi matin sur l’autoroute A41 qui relie Grenoble à Chambéry. Son avocat, Maître De Vita, ne comprend pas cet assassinat : « Il était complètement retiré des affaires depuis les années 2000 », affirme-t-il.
Dix ans après la mystérieuse disparition de son frère Robert, Jean-Pierre Maldera, l’un des « parrains » de la mafia italo-grenobloise des années 80, a été tué mercredi à la vue de tous sur l’autoroute A41, près de Grenoble. Les auteurs de la fusillade sont en fuite.
Son avocat, Maître De Vita défendait les intérêts de Jean-Pierre et de son frère Robert depuis 25 ans. Lorsqu’il a appris la nouvelle, il n’a pas compris : « Pour l’instant, je suis peiné évidemment. Ensuite, je suis surpris puisque pour moi, que ce soit Robert ou Jean-Pierre, ils étaient complètement retirés des affaires depuis le début des années 2000. Et j’en veux pour preuve que nous étions partie civile, comme tout bon citoyen, dans la procédure d’information ouverte sur la mort de son frère Robert à Grenoble, où il y a des personnes mises en examen. Jean-Pierre Maldera espérait vraiment que ces gens mis en examen seraient renvoyés devant la cour d’assises de l’Isère » nous a-t-il affirmé mercredi soir, au téléphone.
Le « clan Maldera »
Jean-Pierre Maldera et son frère cadet, Robert Maldera, considérés comme les « parrains » du grand banditisme italo-grenoblois des années 80, ont longtemps régné en maître sur la capitale des Alpes. Lorsqu’ils étaient plus jeunes, les deux frères faisaient partie du « clan Maldera », démantelé début 1984 : une famille de gangsters dont de nombreux membres ont été incarcérés pour des activités de racket, hold-up et proxénétisme. À cette époque, avait été retrouvé chez le père de la fratrie Joseph Maldera, la « caisse d’épargne » de la famille : près d’un million de francs en bons du Trésor.
Condamné à huit reprises entre 1978 et 1999, Jean-Pierre Maldera était connu pour avoir trempé dans des affaires de proxénétisme, racket, attaque à main armée, et fait de la prison, mais, il n’avait pas fait parler de lui depuis plus de vingt ans. Jean-Pierre Maldera s’était retiré du milieu affirme Maître De Vita : « c’est un bon père de famille qui vivait de ses rentes et il m’avait donné vraiment l’impression de ne plus rien avoir à faire avec le banditisme qui lui a été prêté dans les années 80 et 90. C’est en tout cas l’impression que j’avais en tant que son avocat. Il ne m’a jamais fait part de menaces ».
Disparition mystérieuse
En 2004, les deux frères avaient été écroués dans une affaire de grand banditisme (association de malfaiteurs, blanchiment d’argent, extorsion de fonds, proxénétisme…), mais ils avaient été libérés en 2005 à la suite d’un vice de forme qui avait conduit à l’annulation de l’ensemble de la procédure, instruite par le juge Fontaine.
En 2015, Robert Maldera, surnommé « il pazzo » (le fou, en italien), a mystérieusement disparu à l’âge de 55 ans. Après s’être rendu à un rendez-vous à Saint-Martin-d’Hères avec un artisan, il n’avait plus donné signe de vie, et sa voiture avait été retrouvée deux mois plus tard sur un parking de cette commune. « On a de bonnes raisons de penser qu’il a été tué », avait estimé en 2015 le procureur de la République à Grenoble, Jean-Yves Coquillat, qui avait ouvert une information judiciaire pour homicide volontaire.
« Un bon père de famille, qui vivait de ses rentes »
Ils étaient considérés comme « la dernière famille en France à faire plus peur que les caïds des cités » selon une de nos sources, spécialiste du milieu du grand banditisme. Maître De Vita répond : « le très vieux passé de Jean-Pierre Maldera, je ne le connais pas car je n’étais pas son conseil à l’époque. Comme je vous l’ai dit, j’ai commencé à être le conseil de Jean-Pierre et Robert Maldera début des années 2000, lors de la dernière enquête policière où ils ont été inquiétés, à mon sens à tort. Et d’ailleurs, elle s’est soldée par rien du tout au plan judiciaire ». Et l’avocat en veut pour preuve que « dans cet univers, il est rare qu’une famille soit partie civile pour la disparition d’un proche. Et Jean-Pierre était partie civile pour l’amour de son frère et tenait à ce que justice passe. Pour moi, c’est devenu un bon père de famille. C’est un homme qui était très très affecté par la mort et la disparition de son frère. Ils étaient très liés et je trouvais, depuis dix ans, qu’il avait une tristesse enfouie en lui qui était incommensurable » conclut-il.
Ce mercredi, dans une scène d’une rare violence, la voiture conduite par Jean-Pierre Maldera a été prise pour cible par une autre voiture sur l’A41, au niveau de Domène, en arrivant vers Grenoble. Il a essuyé des tirs de kalachnikov, qui l’ont blessé au coude. Malgré ses 71 ans, Jean-Pierre Maldera a tenté de fuir à pied sur l’autoroute A41, après être sorti de sa voiture mais ses agresseurs ont fait demi-tour pour le poursuivre, à contre-sens sur l’autoroute. Ils l’ont percuté tellement violemment qu’il a été éjecté sur la voie opposée. C’est ce choc qui l’a probablement tué d’après le légiste.
Un acte criminel « d’une violence inouïe »
Les tireurs ont pris la fuite. Leur voiture, une Mégane RS volée, a été retrouvée incendiée peu après les faits, à quelques kilomètres, sur un parking isolé près d’un stade de foot, chemin de la Poterne, à la limite entre Grenoble et la commune de Saint-Martin-d’Hères.
« Je condamne avec la plus grande fermeté cet acte criminel, d’une violence inouïe, perpétré de surcroît sur une autoroute, en pleine journée, mettant en danger grave et immédiat des dizaines d’automobilistes », a déclaré sur X la préfète de l’Isère. Dans sa publication sur X, la préfète de l’Isère semble relier le meurtre de Jean-Pierre Maldera au trafic de stupéfiants : « La guerre contre le fléau du narcotrafic sera longue et difficile. Mais nous la gagnerons », a-t-elle écrit, alors que Grenoble et sa banlieue sont particulièrement touchées par le trafic de drogue, avec des violences récurrentes par armes à feu.
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