Christian Tein, leader de la Cellule de coordination des actions de terrain (CCAT), assiste à la première assemblée générale de l’organisation qui se tient à la tribu d’Azareu à Bourail, en Nouvelle-Calédonie, le 14 juin 2024
PHOTO AFP / Delphine MAYEUR
Cette décision a été prise par un juge des libertés et de la détention (JLD), appelé à se prononcer sur le sort de M. Tein, considéré comme le dirigeant de la Cellule de coordination des actions de terrain (CCAT), et de dix autres personnes, interpellées mercredi en même temps que lui.
Le procureur Yves Dupas a confirmé à l’AFP des « affectations en métropole », sans plus de précision à l’issue de ces comparutions à huis clos devant le JLD.
Les chefs de mise en examen n’ont pas été précisés. L’enquête vise notamment des faits d’association de malfaiteurs, vols avec armes en bande organisée, complicité par instigation de meurtres ou tentatives de meurtre sur personnes dépositaires de l’autorité publique.
M. Tein doit être incarcéré à Mulhouse (Haut-Rhin) selon son conseil, Me Pierre Ortent, qui a fait part de sa « stupeur ». « Personne ne détenait l’information au préalable que la destination serait la métropole. Ce sont des procédures parfaitement exceptionnelles par rapport au territoire », a-t-il insisté.
Une autre mise en cause, Brenda Wanabo, chargée de la communication de la CCAT, doit être placée en détention à Dijon, selon son avocat, Me Thomas Gruet, qui s’est dit « extrêmement choqué et abasourdi ».
Mère de trois enfants, dont le plus jeune a 4 ans, cette militante « qui n’a jamais appelé à la violence », va être séparée de sa famille et est « anéantie », a-t-il souligné. « Toutes les erreurs dans la gestion de la crise ont été commises de la part de l’institution judiciaire », qui a « répondu à des considérations uniquement politiques », selon lui.
Quant à Frédérique Muliava, directrice de cabinet du président du Congrès de Nouvelle-Calédonie Roch Wamytan, elle doit être incarcérée à Riom, près de Clermont-Ferrand, selon son avocate, Me Christelle Affoué, qui dénonce « une décision parfaitement choquante et éprouvante ».
« S’il s’agissait d’en faire des martyrs de la cause indépendantiste, on ne s’y prendrait pas autrement », a commenté Me Stéphane Bonomo, avocat d’un autre mis en cause, Gilles Joredie.
Ces décisions interviennent six semaines après le début des violences qui agitent le territoire français du Pacifique Sud, les plus graves depuis celles des années 1980.
Nourries par le vote d’un projet de loi constitutionnel visant à élargir le corps électoral calédonien pour le scrutin provincial prévu fin 2024, ces émeutes ont fait neuf morts, dont deux gendarmes, des centaines de blessés et des dégâts considérables, d’un coût estimé à 1,5 milliard d’euros, selon le dernier bilan.
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