Mort de Steve à Nantes : l’avocat du commissaire demande la relaxe, jugement attendu le 20 septembre

« Ici, Grégoire Chassaing a l’impression qu’on lui dit qu’on n’a pas la preuve, mais que c’est sa faute si Steve Maia Caniço est tombé dans la Loire. » Et pourtant, a souligné ce vendredi au tribunal correctionnel de Rennes Me Cailliez, l’avocat du commissaire, les policiers savent qu’il faut une preuve irréfutable.

Grégoire Chassaing, 54 ans, est jugé depuis lundi par le tribunal de Rennes pour homicide involontaire. La mort de Steve Maia Caniço, 24 ans, lors de la Fête de la musique 2019, quai Wilson à Nantes. On est en bord de Loire, un endroit alors sans barrière ou grillage. La police se heurte à un DJ qui ne veut pas couper la musique. La situation se tend. Des policiers essuient des projectiles et répondent à coups de grenades lacrymogènes. À 4h33 et 14 secondes, selon l’analyse de son téléphone, Steve tombe dans la Loire. Il ne savait pas nager.

« On est face à un malheur irréparable et une injustice insupportable »

Lors de la plaidoirie de son avocat, Grégoire Chassaing garde très souvent la tête baissée. Béatrice, la maman de Steve Maia Caniço, présente depuis lundi, n’est pas là. Le reste de sa famille, oui. Tout comme plusieurs amis. En commençant sa plaidoirie, Me Cailliez, cite Albert Camus : « Mal nommer les choses, c’est ajouter au malheur du monde. » Il confie avoir beaucoup réfléchi aux mots à employer pour ne pas heurter la famille.

« On est face à un malheur irréparable et une injustice insupportable, » note-t-il, avant de détailler méthodiquement pourquoi, selon lui, son client ne peut être reconnu coupable d’homicide involontaire.

Pas de lien entre la chute de Steve et l’action de la police pour Me Cailliez

La veille, lors de leur réquisitoire, les procureurs ont affirmé, qu’à leurs yeux, les deux éléments pour une condamnation sont réunis : un lien direct et une faute caractérisée. « La chute de Steve est bien liée à l’action de la police », d’après le ministère public, partant du principe que Steve était près du bunker où l’intervention policière a dégénéré.

Faux, répond Me Cailliez, précisant que ce lien doit être « indéniable« . Sa théorie – s’appuyant notamment sur le témoignage de deux amis de Steve qui l’ont vu assoupi ou décrit comme très fatigué – c’est que le jeune homme a dormi près de la Loire et, à son réveil, comme désorienté, a chuté. Un témoin, ajoute Me Cailliez, a vu une personne avec un sac comme celui de Steve trébucher. Pas de nuage de lacrymo à ce moment-là pour la défense.

Des vidéos ont aussi été diffusées lors de son procès et le ministère public l’a indiqué jeudi, l’une d’elle permet de voir le quai Wilson « saturé » de gaz. Mais pour Me Cailliez, ce nuage de lacrymogène, c’est à 4h34, donc après la chute de Steve. Et d’ajouter que l’autopsie conclut à l**’absence de** marqueur prouvant une inhalation de gaz. Un document qui précise cependant que cela est compliqué à établir en raison du temps que le corps a passé dans l’eau.

Pas de faute caractérisée non plus pour lui

L’autre élément, c’est la faute caractérisée qui serait imputée à Grégoire Chassaing. Là encore, d’après Me Cailliez, il n’y en a pas. Dans l’ordonnance de renvoi, il est reproché au commissaire « d’avoir cédé à la provocation », quand le DJ baisse puis remonte la musique. « On dit qu’il fait casquer ses hommes pour y retourner, qu’il aurait dû s’éloigner, mais ils vont se replier derrière les enrochements », indique Me Cailliez.

Quant aux lacrymogènes, au cœur de ce procès, pour Me Cailliez, ses hommes les ont utilisés en légitime défense – et ce n’est pas contesté, car ça fait suite à une agression – et de manière individuelle, sans recevoir d’orde. Manque de discernement, clairvoyance, a-t-il été dit par le ministère public comme par la partie civile, mais précise Me Cailliez, « il s’agit alors d’une faute simple ». « 

Lors de ce procès, Grégoire Chassaing, dépeint comme « sérieux », « exemplaire » par certains collègues et supérieurs hiérarchiques, a admis « ne pas avoir été irréprochable, de ne pas avoir tout maîtrisé. » Mais il est convaincu de ne « pas avoir commis de faute. J’ai fait du mieux que je pouvais à ce moment-là. » Un instant très tendu, tous l’ont reconnu lors de ce procès.

« Il a un peu bon dos Grégoire Chassaing »

Me Cailliez est revenu aussi sur le fait que seul son client soit poursuivi« On m’a envoyé au casse-pipe », avait pour sa part dit Grégoire Chassaing lors de son interrogatoire. « Les hommes de rang (ndlr : les policiers sous les ordres de Grégoire Chassaing), ce n’est rien. Le DJ, ce n’est rien. Les agresseurs, ce n’est rien. La mairie, la préfecture, ce n’est rien. Au milieu, il y a le commissaire. »

Et d’enchainer que son client a déjà payé pour cette affaire, citant des tags « Chassaing assassin » dans les rues de Nantes. « Les réseaux sociaux, je n’en parle même pas. » Me Cailliez parle aussi de l’impact sur sa famille, ses enfants, les déménagements car il a été muté rapidement après les faits.

« Ce procès était inévitable au vu de la pression. On a trouvé le moyen de donner le procès, mais il a un peu bon dos Grégoire Chassain (..) Ce qui a tué Steve Maia Caniço, c’est accident malheureux sans rapport avec la police et encore moi avec Grégoire Chassaing », assure en fin de plaidoirie Me Louis Cailliez.

Le jugement est attendu le vendredi 20 septembre.

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