Après Robert Badinter, décédé en février dernier, c’est une autre légende du barreau qui s’est éteinte en 2024. Samedi 31 août, l’avocat Henri Leclerc est décédé à l’hôpital des suites d’un AVC, a annoncé sa fille. « Je crois qu’aujourd’hui on voit disparaître le plus grand avocat qui était encore en vie », a réagi sur France Info Patrick Baudouin, président de la Ligue des droits de l’homme, dont Henri Leclerc était président d’honneur.
Né en 1934, Henri Leclerc a été éveillé au droit et à la nécessité que chacun soit défendu par un cadeau de ses parents qui lui avaient offert pour ses 14 ans le livre du résistant Albert Naud, commis d’office pour défendre le collaborateur Pierre Laval. C’est d’ailleurs cet homme de droite qui va le recruter et lui permettre de faire ses gammes en tant qu’avocat. Ce sera lui aussi qui lui révélera ce qui sera sa marque de fabrique : « Tu l’as rendu sympathique, ton type, tu l’aimes bien, lui avait-il dit après une plaidoirie. Eh bien, tu nous l’as fait aimer. Tu vois, ça, c’est ton truc, continue. » « L’avocat a la charge de la fraternité, confirmera le principal intéressé dans un dernier entretien, accordé en mai dernier à L’Humanité. Pour bien défendre, il faut comprendre son client, tenter de le réconcilier avec les autres, le tirer vers le haut. »
« L’avocat des gauchistes »
Résolument de gauche, Henri Leclerc, qui a fréquenté un temps la Jeunesse étudiante chrétienne puis a rallié le PCF et ensuite le PSU de Michel Rocard avant de s’en éloigner dès 1972, a toujours été militant. Il débute dans le métier en défendant des militants du Front de libération nationale et du Mouvement national algérien (MNA) en pleine guerre d’Algérie, où il fut lui-même envoyé en tant que soldat. Lors des événements de Mai 68, celui que l’on surnommera « l’avocat des gauchistes » sera le défenseur de Daniel Cohn-Bendit, Alain Geismar, Jacques Sauvageot, avant de devenir celui de toutes les causes sociales, des mineurs du Nord aux paysans en lutte en passant par les pêcheurs bretons. Pendant vingt ans, il a aussi proposé, dans son cabinet Ornano, des consultations juridiques à prix modiques.
Il s’illustrera aussi dans une multitude de procès retentissants. Il a par exemple défendu Charlie Bauer et François Besse, deux lieutenants de Mesrine, ainsi que Florence Rey, militante anarchiste qui a tué des policiers. Il fut aussi l’avocat de Richard Roman, marginal accusé du meurtre d’une petite fille, ainsi que de Véronique Courjault, la mère de famille qui a congelé ses nouveau-nés. On le retrouve dans de grands procès médiatiques, comme celui de Dominique de Villepin dans l’affaire Clearstream ou encore de Dominique Strauss-Kahn dans celle du Carlton. Par six fois, il a réussi à éviter la peine de mort à ses clients.
Résolument hostile à cette dernière, celui qui a présidé la branche française de la Ligue des droits de l’homme de 1995 à 2000 fut aussi de tous les combats pour les libertés publiques, s’exprimant tant sur la surpopulation carcérale que sur les sans-papiers, l’interdiction du voile à l’école ou l’extrême droite.
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