Après le ministre de l’Éducation Ronny Teriipaia, Mitema Tapati a à son tour été mis en examen pour provocation à la discrimination raciale. L’élu indépendantiste était convoqué ce lundi devant le juge d’instruction au tribunal de Papeete, suite à ses propos tenus en séance à l’Assemblée le 26 octobre 2023 et jugés racistes par l’opposition. À l’issue de trois heures d’interrogatoire, l’instruction se poursuit. Mais pour son avocat Stanley Cross, l’affaire mérite un non-lieu.

« Ua uouo roa to tatou fenua » traduisez « Le Fenua a blanchi » : c’est ce qu’avait dit Mitema Tapati, élu indépendantiste du Tavini, le 26 octobre 2023 à l’Assemblée de Polynésie. Ses propos avaient fait vivement réagir dans les rangs de l’opposition. Quelques jours plus tard, Ronny Teriipaia, actuel ministre de l’Éducation avait adhéré à son analyse sur le « blanchissement de la population« . La goutte de trop pour Edouard Fritch, ancien président de la Polynésie et élu Tapura, qui a porté plainte contre les deux hommes pour provocation à la discrimination raciale.

Convoqué début août, Ronny Teriipaia a été mis en examen. Un mois après, c’est au tour de Mitema Tapati. Ce dernier a souhaité s’exprimer uniquement en tahitien, nécessitant l’intervention d’un interprète. L’audition a débuté à 14 heures et ne s’est terminée que trois heures plus tard. Par la voix de son avocat, Mitema Tapati assume ses propos, qui n’ont rien de raciste à ses yeux. « On en a fait une affaire hyper importante, montée de toutes pièces au niveau du Tapura Huiraatira pour s’attaquer au Tavini Huiraatira » accuse Stanley Cross.

Ce que Mitema a expliqué au magistrat instructeur quand il a utilisé le terme « uouo », il n’a pas visé les « popa’a ». Il visait la société polynésienne c’est-à-dire que, dans notre façon de penser et de décider, on est devenus des popa’a.

Stanley Cross, avocat de Mitema Tapati

Polynésie La 1ère, le 02 septembre 2024

L’avocat trouve « scandaleux qu’on aille aussi loin dans ce dossier qui n’a pas l’importance qu’on veut lui donner« , citant Aimé Césaire et ses déclarations sur le « génocide par substitution« . « Cela n’a rien de raciste, on n’est pas dans l’incitation à la haine. Aimé Césaire est au Panthéon aujourd’hui et n’a pas fait l’objet de poursuites pour les propos qu’il a tenus » conclut Maître Cross, bien décidé à se saisir du dossier et étudier tous les documents qui ont mené à cette mise en examen.

J’ose espérer que l’on ira vers une ordonnance de non-lieu.

Stanley Cross, avocat de Mitema Tapati

Polynésie La 1ère, 02 septembre 2024

L’instruction se poursuit. En attendant la décision finale, les deux politiciens sont présumés innocents. 

Le 1er janvier 2024, le chanteur et journaliste Aldo Raveino avait enfoncé le clou alors qu’il était invité sur notre plateau pour faire la promotion de sa musique. « Il n’y a pas que les coraux qui blanchissent chez nous. Cela a été remarqué à l’Assemblée. Cela veut dire qu’en termes d’emploi, je pense que le local a besoin de retrouver sa place » avait-il lancé, laissant perplexe la journaliste Cybèle Plichart en face de lui.

Elle avait fini par rebondir en lui demandant si on ne basculait pas dans du racisme. « Non. Nous avons subi cette colonisation, par le peuplement et la substitution. Nous sommes un peuple du Pacifique et nous avons raison à un moment donné de dire stop. On ne va pas attendre de prendre des armes pour passer à autre chose. C’est une prise de conscience. Je suis désolé mais quand on dit que la Polynésie blanchit, ce n’est pas du racisme, ce n’est qu’un constat au même titre que quand on dit que la France noircit » avait-il réaffirmé. 

À noter qu’avant cette vague de « propos racistes », c’est Oscar Temaru, leader indépendantiste qui avait lancé un pavé dans la mare en déclarant : « Je n’ai pas peur du changement climatique, j’ai plutôt peur du changement démographique. Cette invasion continue. Je veux l’indépendance aujourd’hui« . Il avait également été vivement critiqué par l’opposition.

Selon l’ISPF, entre 2017 et 2022, le solde migratoire est négatif avec 6 500 individus en moins, ce qui signifie qu’il y a eu davantage de départs que d’arrivées en Polynésie française.

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