Charmant ! Tous ceux qui l’ont connu lorsqu’il portait la robe au palais de justice de Melun, en Seine-et-Marne, s’accordent à dire qu’il était très aimable ! Seulement voilà, cette robe d’avocat, selon l’accusation, il n’aurait jamais dû la porter : les documents qui lui ont permis de s’inscrire au barreau de Melun en 2010 étaient des faux. Mais tout le monde, y compris l’Ordre des avocats, n’y a vu que du feu durant plusieurs mois. Le voilà donc aujourd’hui poursuivi pour exercice illégal de la profession, escroquerie, etc.
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« L’ambition d’une vie »
Les faits remontent aux années 2010. Cet homme élégant, plein d’assurance, au ton posé, a suivi avec plus ou moins de bonheur, de nombreuses affaires judiciaires. Parfois avec succès mais plus souvent en « plantant » ses clients par manque de sérieux ou de compétence dans le suivi des dossiers. Le montant des dommages à verser pour compenser les préjudices subis par sa clientèle de justiciables s’annonce d’ores et déjà très salé.
« Il s’agit sans doute d’un cas unique en France », souligne le bâtonnier Jérôme Bouricard, partie civile dans cette affaire qui était examinée le mercredi 11 et le mercredi 12 juin, au tribunal correctionnel de Melun. Du temps où « Maître » Philippe M. portait la robe, c’est là qu’il lui est arrivé de plaider. « Un rêve de toujours, l’ambition d’une vie », dira-t-il à l’audience. Avec huit ans d’expérience de juriste d’entreprise, il peut prétendre au métier sans passer le certificat d’aptitude à la profession d’avocat (Capa).
Philippe M. prête serment, mais très vite, le barreau melunais s’alarme. Il découvre que Philippe M. a un passé judiciaire. Quelques condamnations anciennes réapparaissent, notamment auprès du tribunal d’Albertville (74). Une autre, pour escroquerie et exercice illégal du métier de marchand de biens, est assortie de plusieurs dizaines de milliers d’euros d’amende.
Âgé aujourd’hui de 56 ans, Philippe M. doit donc répondre devant ses anciens « pairs », de ces délits qui auraient été commis de 2010 à 2013, notamment à Roissy-en-Brie et à Paris. Il est aussi poursuivi pour d’altération frauduleuse de la vérité et d’usage de faux en écriture et d’abus de confiance, certains en récidive.
Au total, il y aurait eu dans cette affaire une soixantaine de victimes. Une trentaine d’entre elles se sont portées partie civile au premier rang desquels se trouve le Conseil de l’ordre des avocats de Melun. « Nous lui avons fait confiance, mais il a trahi la communauté d’avocats et le serment de probité auquel il s’est engagé », a déclaré Me Jérôme Bouricard.
Un dossier de 8 000 pages
Dans ce mélange des genres, il y avait un peu de tout autour de la personnalité complexe du prévenu : des affaires de voisinage, des pensions alimentaires, des divorces, des récupérations de permis… Mais aussi des histoires immobilières de ventes de biens et de ventes aux enchères auxquelles il n’avait aucun droit de se livrer. « La profession d’avocat est parfaitement incompatible avec ce genre de pratiques », répétera le bâtonnier.
Dans ce dossier de 8 000 pages, l’auteur présumé, aujourd’hui âgé de 56 ans, comparaissait aux côtés d’une ancienne employée de 61 ans vivant en Suisse et qui ne s’est pas présentée à l’audience. Sa mère, décédée dernièrement, était au départ également mise en cause.
Lors des réquisitions, la procureure a réclamé quatre ans de prison, 100 000 € d’amende et la confiscation d’un appartement à Paris. Restent bien sûr les clients grugés qui, tous, pourraient se résumer dans la plaidoirie de Me Emile Dupin, avocat d’une partie civile : « Ils vous ont fait confiance. Vous avez ruiné les efforts et les économies d’une vie, avant qu’ils ne se rendent compte de l’abus de confiance dont ils ont été victimes ». Le jugement sera rendu le 22 septembre prochain.
Jean-François CALTOT
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