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Maître Michel Amas, avocat au barreau de Marseille, est spécialisé dans la défense de parents dont les enfants sont victimes de placements abusifs. 

Il dénonce fermement les dérives du système de protection de l’enfance. Rencontre avec un avocat en colère. 

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Une vocation au fil des dossiers

À l’origine avocat pénaliste et spécialisé en droit commercial, Maître Michel Amas voit sa carrière prendre un tournant décisif en défendant une mère de famille dont l’enfant avait été placé dans un foyer, « sans justification suffisante ». Reconnaissante d’avoir retrouvé sa fille, sa cliente écrit un message sur Facebook louant ses compétences d’avocat. 

Dès lors, il reçoit plus d’une trentaine d’appels en quelques jours. Confronté à des histoires poignantes, mais surtout profondément indigné par les dysfonctionnements du système judiciaire, Maître Amas décide de se consacrer entièrement à ce type d’affaires. 

Un avocat en colère

Au fils de ses dossiers, l’avocat découvre l’ampleur des dérives. Selon lui, parmi les 1.400 dossiers qu’il défend, seuls 20 % des enfants justifient un placement. Pour les autres, les mesures d’éloignement seraient infondées et pourraient même être préjudiciables.

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On a souvent tendance à l’oublier, mais un enfant placé est un enfant qui sera séparé de son environnement familial, de ses amis, déplacé dans une nouvelle école et qui devra renoncer à ses activités extrascolaires, ainsi qu’à ses suivis médicaux, comme l’orthophonie ou autres. C’est dévastateur !

Maitre Michel Amas

Les situations de conflits parentaux, de femmes victimes de violences conjugales et de familles avec un enfant autiste représentent la majorité des dossiers où l’avocat estime que le placement a été décidé trop hâtivement, sans qu’une véritable enquête ait été effectuée auprès de la famille.

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Des procès à huis clos

Il dénonce également des procédures souvent inhumaines, où les enfants sont retirés de leur famille sans un respect suffisant de la loi. Ces dérives s’expliquent en partie par la tenue des procès à huis clos, empêchant une véritable transparence :

Ce qui se passe lors des audiences est inacceptable. Dans le meilleur des cas, on reçoit le dossier la veille, sinon le jour même. Ce qui ne laisse absolument pas le temps de répondre aux accusations.

Maitre Michel Amas

À titre d’exemple, il mentionne le cas d’une mère à qui la garde de son enfant a été retirée, notamment à cause de sa consommation d’alcool. Bien qu’elle se soit sevrée, elle n’a pas eu l’opportunité de le prouver : « Les analyses de sang prennent au moins 10 heures ! Si nous avions su plus tôt que c’était ce qui lui était reproché, nous aurions fait ces analyses à l’avance. »

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Des intérêts financiers ? 

Ces placements seraient parfois motivés plus par des intérêts financiers que celui de l’enfant : « Beaucoup d’argent est en jeu, cela permet aux Aides Sociales de générer des fonds lorsqu’un enfant est placé », affirme l’avocat. Il souligne également que le coût des placements d’enfants en France est exorbitant, estimé à environ 9 milliards d’euros.

En France, 227.000 enfants sont placés. C’est gigantesque ! Dans mes dossiers, j’affirme qu’il n’y en a pas plus de 20% qui méritent d’être placés. 

Maître Michel Amas

Des problèmes endogènes à Marseille

À Marseille, les placements abusifs sont moins fréquents grâce à l’étroite collaboration tissée au fur et à mesure des années avec les juges. Cependant, d’autres « problèmes endogènes » existent. Parmi eux, la prostitution des jeunes enfants placés est une préoccupation majeure.

La plupart des MESC [Maisons d’enfants à caractère social] ne se trouvent pas dans le 8e arrondissement, mais dans des quartiers plus pauvres. C’est là que les proxénètes viennent recruter des jeunes filles mineures. J’ai vu des cas de jeunes filles entrant en foyer à 13 ans et se retrouvant sur le trottoir à 14 ans.

Maitre Michel Amas

D’après lui, le problème réside dans le manque de signalement des Aides sociales à la police. Même s’il est conscient des problèmes de sous-effectifs, cela ne diminue en rien son indignation.

Michel Amas exprime cette indignation dans son livre Chroniques du mépris ordinaire, publié aux éditions du Panthéon. Il y décrit la réalité de son quotidien, où chaque dossier semble frôler toujours plus « l’horreur et le mépris ».

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