L’avocat général a requis la réclusion criminelle à perpétuité contre Jean-Michel Moulun, qui a décapité à Agde le 23 octobre 2021 une retraitée de 77 ans. Verdict mercredi 11 décembre.

L’avocat tourne le dos à la cour et au public et se plante ce mardi 10 décembre face à Jean-Michel Moulun qui le fixe longuement, bras croisés, colossal, immobile, dans le box de la cour d’assises de l’Hérault. « Il n’y aura pas d’autre occasion, Jean-Michel » dit doucement Me Anthony Caniez. « Le plus dur a déjà été fait. »

La salle des assises de l’Hérault retient son souffle. Depuis le matin, chacun sent bien que le bunker dans lequel s’est enfermé depuis trois ans l’accusé peut se fissurer.

Il niait depuis trois ans le crime atroce

Ancien boxeur professionnel, éphémère candidat Front National aux élections municipales à Hautmont (Nord), en 2014, Jean-Michel Moulun nie avoir décapité Evelyne, 77 ans, le 13 octobre 2021. L’institutrice retraitée les avait longtemps employés, lui et sa femme, dans sa villa d’Agde, comme jardinier et aide ménagère, avant de les licencier en constatant en 2020 des vols d’argent et de bijoux.

Personne depuis n’a réussi à fendiller son armure. Hormis peut-être Marie-Chantal Bonnet-Cathala, la psychologue qui s’est longuement penchée sur son cas.

Des phrases ambigües devant la psychologue

« On a noué un lien, avec M. Moulun. Je suis allé le voir trois fois deux heures, ça compte. » A leur troisième rencontre, il lâche des phrases ambiguës. « Si je reconnais que c’est moi qui l’ai fait… Si on me dit, pourquoi vous l’avez fait, je ne saurai pas l’expliquer. »

La psychologue : « Je suis sortie très mal du troisième entretien. Il était très mal, je voyais qu’il revivait la scène sans vouloir me la retracer. »

Me Caniez interroge son client : « Est-ce que ce n’était pas des aveux à demi-mot ? »

« Je ne sais pas trop, peut-être. Je n’arrive pas à avoir le souvenir d’être passé à l’acte. »

Il abandonne son invraisemblable version des faits

Le président Guissart en profite pour faire le deuil de son abracadabrante version d’un gang qui l’aurait forcé à agir sous la menace. « Ces hommes noirs dans le 4×4 n’ont pas existé, dans la réalité ? » « Oui. On peut dire ça. »

Avec l’épouse de l’accusé, Me Caniez continue à tirer son fil si fragile, si ténu. « Quoi qu’il se soit passé ce 13 octobre, vous serez encore à ses côtés ? » Coralie : « Jean-Michel, je serai là, tes enfants seront là, personne te laissera tomber. »

Le colosse est en larmes, le président suspend.

Un couteau à pain pris dans la cuisine

À 14 h, chacun repart à l’assaut, avec ses propres armes. Le président. « Il n’y a plus que deux acteurs, vous et Evelyne. Que pouvez-vous nous dire ? » L’accusé : « Je me suis retrouvé là je sais pas pourquoi, je l’ai aidée à rentrer ses courses, je ne sais plus comment c’est arrivé. » Le couteau ? « Il vient de la cuisine. Je ne sais pas à ce moment-là ce qui me passe par la tête ». « Vous l’avez tuée ? » « Oui, mais je m’en rappelle pas ! »

Partie civile, Me Langlois vient, sans succès, sur le terrain de la religion, Jean-Michel Moulun se disant très croyant. L’avocat général George Gutierrez part à l’assaut, en élevant la voix et en tapant du pied. « Ça fait trois ans que vous racontez des sornettes ! » Jean-Michel Moulun est dans le box comme sur le ring : il encaisse, sans rien céder.

« Ce qu’elle t’a dit ne t’a pas plu ? »

Alors Me Caniez se lève et renoue avec l’émotion. « J’ai eu de la pitié pour toi ce matin, pour la première fois depuis que je te connais. » L’autre est en larmes. « Evelyne t’a parlé et ce qu’elle t’a dit ne t’a pas plu ? »

Alors d’une voix faible, le colosse avoue. « Elle s’est mise en colère et je lui ai dit, c’est pas Coralie qui a volé l’argent. Elle a insisté, si, si, c’est une voleuse ! J’ai pété un câble. Elle était sûre d’elle, arrogante. J’ai pris un couteau à pain dans la cuisine, j’ai avancé sur elle, elle l’a pris dans la main, j’ai retiré le couteau. Elle est tombée, en arrière, elle s’est retournée sur ses mains et c’est là que je l’ai fait » dit-il en mimant l’égorgement, par derrière. « Faut être un taré. Être dérangé. J’ai mal au ventre d’avoir fait ça. »

« Ces aveux ne changent rien ! »

« Aujourd’hui, il vient encore salir sa mémoire, en disant qu’elle était arrogante. Comme si ce n’était pas assez d’avoir exposé sa tête comme un trophée de chasse sur la table du salon » déplore Me Nathalie Langlois.

« Ses aveux ne changent rien » enchaîne l’avocat général, qui requiert la réclusion criminelle à perpétuité. « C’est une peine très lourde, mais ce n’est pas un crime ordinaire. Il a agi comme un monstre en commettant un acte monstrueux. » Plaidoiries de la défense et verdict ce mercredi 11 décembre.

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