Le leader indépendantiste catalan Carles Puigdemont, qui a fait, jeudi 8 août, une réapparition éclair à Barcelone après sept ans d’exil à fuir les poursuites judiciaires, « se trouve en dehors » de l’Espagne après sa nouvelle fuite, a assuré ce vendredi son avocat Gonzalo Boye sur une radio catalane. L’homme est reparti « vers Waterloo », en Belgique, assure de son côté un dirigeant de son parti. La police se dit sceptique.

Publié le : 09/08/2024 – 10:24Modifié le : 09/08/2024 – 16:07

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Pendant plus de deux heures ce vendredi, les autorités ont donné leur version sur ce qu’il s’était passé la veille et de manière assez maladroite, rapporte notre correspondante à Barcelone, Élise Gazengel. Le premier à s’être exprimé est le ministre régional de l’Intérieur Joan Ignasi Elena, qui a expliqué : « Ce que nous n’avions pas prévu, c’était ce comportement inapproprié de la part de celui qui a été la plus haute autorité de ce pays. » Sous-entendu, sa fuite.

L’aveu d’échec est clair même si le commissaire en chef de la police catalane, Eduard Sallent, a ensuite tenu à souligner la difficulté de gérer jeudi trois missions : la tenue d’une investiture au parlement, la sécurité dans la rue à cause des manifestations, et la détention de Carles Puigdemont. Pour lui, cette dernière mission est leur seul raté. Ils pensaient, dit-il, « pouvoir l’arrêter à un moment opportun ». Or, l’arrivée du Catalan s’est faite alors qu’il était entouré d’une multitude de personnes. À sa sortie de scène, Carles Puigdemont est parti très vite alors qu’ils pensaient l’arrêter lorsqu’il se rendrait au parlement. Eduard Sallent confirme néanmoins que des agents ont suivi dans un premier temps la voiture dans laquelle il avait fui avant de finalement perdre sa trace. Ces explications cherchaient clairement à calmer les nombreuses critiques.

Un groupe de personnes s’est positionné comme un mur empêchant d’accéder à lui. Et tout est arrivé très vite, Puigdemont est sorti de scène, sous un chapiteau, il a mis un chapeau et est monté dans une voiture qui a fui.

Carles Puigdemont se trouve « en dehors de l’État » (espagnol, la dénomination donnée à l’Espagne par les nationalistes catalans), a déclaré de son côté son avocat Gonzalo Boye sur la radio Rac1, sans donner plus de précision. Jeudi soir, il avait déjà déclaré à la télévision publique catalane que M. Puigdemont était « rentré chez lui », après son bref discours tenu près du parlement catalan, où s’était déroulée ensuite une session d’investiture du nouveau président de la région. « Il retourne vers Waterloo », a déclaré sur la même radio Jordi Turull, secrétaire général de son parti Junts per Catalunya, ajoutant qu’il ne savait pas si Carles Puigdemont était déjà arrivé dans cette ville belge proche de Bruxelles.

Le commissaire Sallent est dubitatif : « Je ne crois rien de son entourage parce qu’ils mentent et je n’écarte pas la possibilité qu’il soit encore à Barcelone. »

Toujours sous le coup d’un mandat d’arrêt pour son rôle dans la tentative de sécession avortée de la Catalogne en 2017, Carles Puigdemont a passé les sept dernières années hors d’Espagne, principalement en Belgique, mais aussi dans le sud de la France. Il est « celui qui doit rendre public » l’endroit où il se trouve, a ajouté, ce vendredi, son avocat, assurant que son client prendrait la parole « aujourd’hui ou demain ».

Il s’éclipse discrètement

Figure centrale de l’indépendantisme catalan, Carles Puigdemont avait annoncé son retour en Catalogne pour prendre part au vote d’investiture du nouveau président de la région. Il s’est donc finalement contenté d’un bref discours prononcé près du parlement sur une tribune, devant des milliers de sympathisants, avant de s’éclipser discrètement, parvenant à déjouer le dispositif policier censé permettre son arrestation. Malgré la loi d’amnistie négociée par le Premier ministre Pedro Sanchez en échange du soutien à son gouvernement du parti de Carles Puigdemont, ce dernier est toujours recherché par la justice espagnole. Très critiquée par l’opposition, cette loi d’amnistie est au cœur de multiples débats juridiques et le 1er juillet, la Cour suprême a décidé qu’elle ne s’appliquait qu’à certains des délits reprochés au dirigeant indépendantiste.

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Le juge Pablo Llarena de la Cour suprême qui instruit l’enquête sur Carles Puigdemont a officiellement demandé ce jour des explications à la police catalane et au ministère de l’Intérieur espagnol sur la fuite du leader indépendantiste. Le juge, qui a émis le mandat d’arrêt le visant, réclame notamment des éclaircissements sur le dispositif policier « approuvé et mis en œuvre » à Barcelone, pour comprendre son « échec », selon des documents judiciaires publiés ce vendredi.

Au ministère de l’Intérieur, le juge demande des informations sur les moyens déployés « pour sa détection à la frontière et son placement en détention », ainsi sur les ordres donnés pour le capturer « après sa fuite ». À la police catalane – les Mossos d’Esquadra –, le magistrat demande le nom des « responsables de la conception de l’opération, de ceux chargés de son approbation et de ceux chargés de sa mise en œuvre ou de son déploiement opérationnel ».

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