La génération de juristes à laquelle j’appartiens sera encore sur le marché du travail en 2060. Comment les avocats de demain géreront-ils la cohabitation avec une entité numérique potentiellement beaucoup plus intelligente que l’être humain ?

L’IA va remplacer l’avocat

Une situation difficile pour la profession qui connaît déjà une paupérisation importante depuis 40 ans, avec un nombre croissant d’avocats au SMIC, même si quelques vedettes touchent plusieurs millions d’euros par an dans le secteur des fusions-acquisitions. Près d’un tiers des avocats arrêtent d’exercer avant leur dixième année d’activité. Vingt mille avocats envisageraient de changer de métier, selon le Conseil National des Barreaux.

Dans ce contexte, les IA génératives comme GPT-o1 ont prouvé leur supériorité face à l’Homme dans de nombreuses disciplines. Les avocats ne sont pas à l’abri d’un remplacement au moins partiel par l’IA : en 2023, ChatGPT a passé avec succès les épreuves du barreau de New York.

Les IA juridiques peuvent analyser des attestations ou des documents juridiques et rédiger des contrats, permettant de faire gagner un temps précieux à l’avocat. Les techniques comme le RAG ou le Fine-Tuning permettent de personnaliser les IA génératives au sein de chaque cabinet. Les avocats internationaux, comme A&O et Shearman, investissent dans ces technologies, souvent via des partenariats avec OpenAI, pour accroître leur compétitivité.

L’évolution du métier d’avocat dépend du scénario technologique

Beaucoup d’experts anticipent l’arrivée d’une Intelligence Artificielle Générale (AGI), qui serait plus intelligente que les humains vers 2030. Il n’existe pas de consensus sur le rythme technologique et les spécialistes se déchirent sur trois scénarios.

Premier scénario, nous n’atteignons pas l’AGI. Nous aurions des IA plus performantes que les modèles actuels, mais il persisterait des hallucinations, ce qui imposerait la supervision permanente d’un avocat. Le droit est une pratique d’excellence qui ne permet pas l’approximation. De plus, les actes produits par les IA n’auraient aucune valeur juridique.

En second lieu, l’arrivée d’une Intelligence Artificielle Générale vers 2030 se traduirait par un changement de civilisation, marqué par une croissance économique fulgurante, avec des avancées scientifiques majeures et une transformation radicale du marché du travail des avocats au bénéfice de l’IA.

Troisième possibilité, l’émergence d’une super IA d’ici 2033, supérieure à l’Homme dans tous les domaines, comme le prédit Sam Altman, directeur général d’OpenAI. L’être humain serait alors challengé par l’IA. Nous aurions d’importantes questions à traiter, à la fois économiques, politiques, sociales et juridiques. Comment imposer des normes juridiques à une intelligence qui serait supérieure à l’Homme ? L’IA pourrait-elle acquérir la personnalité juridique ? Qui en serait responsable ? Pourrait-elle avoir le droit de vote ?

L’avocat 2.0 va labourer de nouveaux continents

Dans tous les scénarios, l’organisation du pouvoir devrait être repensée pour cohabiter avec cette vie numérique bientôt supérieure à l’Homme. Il est urgent de préparer la société à cette transformation. L’un des premiers chocs sera celui des robots augmentés par l’IA, qu’Elon Musk veut produire au rythme de 100 millions par an pour dépasser 1 milliard d’humanoïdes d’ici 2040. Comment le monde politique va-t-il préparer la société à faire face à des robots intelligents qui, selon Laurent Alexandre et Olivier Babeau, « auront les mêmes capacités que les polytechniciens » ? Les avocats auront la responsabilité de guider le législateur dans ce monde nouveau.

Un nouveau continent juridique s’ouvrira pour les avocats. L’IA va poser des problèmes juridiques inédits. Les avocats devront faire face à une multiplication des deepfakes, brouillant la frontière entre l’artificiel et le réel. La profession va connaître de nouvelles spécialisations, par exemple le droit de la robotique. Les avocats devront aider à mettre en place une régulation pour assurer la transparence des IA, afin d’éviter que des entreprises privées ne s’attribuent des pouvoirs totalitaires.

Quel que soit le scénario, on peut s’attendre à une résistance corporatiste importante. L’application I.Avocat, sortie en 2023, se vantant d’être « le rêve des clients et le cauchemar des avocats », a été mise en demeure par le barreau de Paris. Cette application permettait aux utilisateurs de poser des questions juridiques et d’importer des documents pour les faire analyser automatiquement et d’obtenir des solutions personnalisées. C’est un « avocat de poche » disponible 24/24, cent fois moins coûteux qu’un avocat classique, répondant instantanément à n’importe quelle demande, parfois plus performant qu’un avocat traditionnel.

Le combat pour freiner les IA juridiques est perdu d’avance. Face à ce tsunami technologique, seuls les avocats utilisant l’IA pourront rester compétitifs. Le malthusianisme technologique serait d’autant plus tragique pour la profession qu’il l’empêcherait de coloniser les nouveaux continents juridiques. En synergie avec l’IA, la profession d’avocat pourrait devenir la colonne vertébrale de la société du XXIe siècle, mais si la profession ne s’adapte pas à ces nouveaux enjeux, elle finira comme les maréchaux-ferrants, écrasée par la concurrence de l’automobile.

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