Hommages
Publié le 01/09/2024 à 11:18
De la défense des étudiants de mai 1968 aux militants du FLN en passant par la liberté de la presse, Henri Leclerc s’est rapidement imposé comme l’avocat de toutes les causes politiques et sociales. Après l’annonce de sa mort, ce samedi 31 août, une vague d’hommages a envahi le réseau social X. Ses confrères comme la gauche politique saluent cette « figure de l’avocat militant ».
Luttes post-Mai 1968, militants FLN, liberté de la presse, le sans-papiers, grandes affaires criminelles… Henri Leclerc a été de tous les combats. L’avocat et défenseur inlassable des droits de l’homme est mort ce samedi 31 août à Villejuif, dans le Val-de-Marne, des suites d’un AVC, à l’âge de 90 ans. Durant 65 ans, il a pris part à de grands procès médiatiques, plaidant tout aussi bien pour la défense de Dominique Strauss-Kahn dans l’affaire du Carlton de Lille, révélée en 2011, ou celle de Véronique Courjault, accusée d’un triple infanticide en 2009. Il a également défendu l’ancien chef du gouvernement, Dominique de Villepin, dans l’affaire Clearstream.
Une carrière qui lui a valu une myriade d’hommages de la part de ses confrères. À commencer par l’ex-figure du barreau et ministre de la Justice démissionnaire, Éric Dupond-Moretti, qui a salué sa mémoire sur X : « Avec ta disparition, nous perdons un infatigable défenseur des libertés dont l’engagement et le talent auront marqué le barreau et toute notre justice. »
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Sur France Inter, ce dimanche 1er septembre, l’avocate spécialisée dans les affaires pénales, Marie Dosé, a assuré qu’Henri Leclerc « parlait vrai comme personne ». Et d’ajouter : « Il a incarné la figure de l’avocat militant. […] C’était ça, Henri Leclerc : on pouvait compter sur lui, et peu importe ce que l’opinion publique pensait. » Car, outre ses plaidoiries au sein des tribunaux, Henri Leclerc s’est rapidement tourné vers la politique avec un engagement « fermement à gauche ».
« L’avocat des gauchistes »
Ainsi, dès 1956 et en pleine guerre d’Algérie où il a lui-même servi, il a défendu des militants du FLN et du MNA (Mouvement national algérien). Surnommé « l’avocat des gauchistes », il a également plaidé pour les militants anticolonialistes et les étudiants de mai 1968, tout comme pour les mineurs du Nord, des pêcheurs bretons, des paysans en lutte et le journal Libération, fondé par Jean-Paul Sartre. Reconnaissable par sa silhouette massive et ses sourcils broussailleux, Henri Leclerc est vite devenu l’avocat de toutes les causes sociales.
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Un combat reconnu et salué par la gauche actuelle. « La vie de combats d’Henri Leclerc pour la dignité continuera de nous inspirer », a alors assuré Marine Tondelier, secrétaire nationale des Écologistes, sur X. L’insoumise Mathilde Panot a de son côté rendu hommage à « un homme qui n’a jamais courbé l’échine et qui s’est battu toute sa vie pour une France plus belle et respectueuse de l’être humain ». Il avait livré son ultime plaidoirie en décembre 2020 devant la 1re chambre civile du tribunal de Paris.
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Par ailleurs, de 1995 à 2000, Henri Leclerc a présidé la branche française de la Ligue des droits de l’homme, et en était encore président d’honneur. Dans un communiqué largement relayé sur X, l’association a fait part de son « deuil ». « À la mesure de ce que fut son investissement de citoyen, d’avocat, de militant, notre peine est immense », peut-on lire dans le texte. « Le roi lion est mort et nous sommes orphelins. […] Une perte inestimable en ces temps troublés où son intelligence et son ardente passion du droit et de l’égalité vont nous manquer », a regretté Malik Salmenkour, également ancien président de la LDH.
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Natacha Polony, directrice de la rédaction de Marianne