Figure du barreau, avocat et ancien président de la branche française de la Ligue des droits de l’homme, Henri Leclerc est mort samedi 31 août à l’âge de 90 ans.
Publié le : 01/09/2024 – 06:12Modifié le : 01/09/2024 – 15:31
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Il était un infatigable défenseur des droits de l’homme et une figure morale. Durant 65 ans, Henri Leclerc, fils d’un fonctionnaire des impôts et petit-fils d’instituteurs, a plaidé avec la même passion les grandes affaires criminelles et toutes les causes sociales, s’imposant comme une référence parmi ses pairs, souligne l’Agence France presse.
Les luttes anticoloniales
Engagé « fermement à gauche », selon son expression, il militera au PC – brièvement – puis au PSU, il défend en pleine guerre d’Algérie, des militants du FLN et du MNA (Mouvement national algérien) dès 1956. Une guerre d »Algérie qu’il fera en tant qu’officier, mais sans tirer un coup de feu. Engagé contre la torture et la peine de mort, il milite à la Ligue des droits de l’homme, dont il devient président en mars 1995. De 1995 à 2000, il préside la branche française de la Ligue des droits de l’homme, et en était encore président d’honneur.
Nathalie Tehio, présidente de la branche française de la Ligue des droits de l’Homme, qui lui a succédé à ce poste, retient son combat contre le colonialisme. « ll a défendu les Guadeloupéens, avant ça les Algériens ». Une question qui lui tenait à coeur d’ailleurs au dernier congrès de la Ligue, il a parlé de la Nouvelle-Calédonie et a participé au processus des accords Matignon, rappelle Nathalie Tehio.« Vous voyez, ces combats, il en parlait, il les faisait vivre aussi bien dans le prétoire que. dans la Ligue pour nous dire voilà la direction… il a participé jusqu’au bout à nous aiguillonner pour nous dire, et c’est là qu’il faut aller, la défense des plus faibles, des opprimés, c’est ça qu’il faut faire et ça c’est quelque chose de très précieux et qui va beaucoup nous manquer. Donc malheureusement oui, nous sommes orphelins. »
Après les militants anticolonialistes viennent les étudiants de Mai 68 – il est notamment l’avocat de Cohn-Bendit, Geismar, Sauvageot-, les mineurs du Nord, les pêcheurs bretons, les paysans en lutte, les sans-papiers, le journal Libération fondé par Jean-Paul Sartre… Henri Leclerc, silhouette massive, voix profonde et sourcils broussailleux, devient l’avocat de toutes les causes sociales.
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Sur la peine de mort, Henri Leclerc rappelait au micro de Nathalie Amar de RFI : « Le pire est toujours à craindre et il est évident que la décision d’abolition, qui a été votée je le rappelle par la gauche unanime mais aussi par une partie de la droite (comment ne pas rappeler par exemple que Jacques Chirac – futur président de la République – contre l’opinion de son parti a finalement voté l’abolition de la peine de mort) – … la peine de mort, (c’est) la loi du talion, c’est à dire tu as tué je te tue… Est-ce qu’il y a tellement depuis 1981 de personnes qui auraient dû être selon certains, condamnés à mort, et qui ont réitéré les actes ? Ce qu’il faut savoir c’est comme le disait Victor Hugo, que la peine de mort c’est d’abord cruel et ensuite inutile. »
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Lors de son discours de clôture à l’occasion des 100 ans de la Ligue des droits de l’homme, en 1998, Henri Leclerc rappelait : « Ils sont toujours là, nos vieux adversaires. Nous les connaissons bien. Ils s’appellent l’arbitraire qui menace les libertés, l’intolérance qui détruit la fraternité, le racisme qui nie l’égalité, l’individualisme qui tue le citoyen. Elle est toujours présente, la misère, cette insulte à la dignité. Et devant nous, dressés, tous les pouvoirs dont on abuse. »
La mémoire de Henri Leclerc est saluée par ses confrères à commencer par l’ex-figure du barreau et Garde des sceaux démissionnaire Eric Dupond-Moretti sur X: « Cher Henri, tu disais souvent +s’il n’en reste qu’un, je serais celui là+. Avec ta disparition, nous perdons un infatigable défenseur des libertés dont l’engagement et le talent auront marqué le barreau et toute notre justice. J’adresse mes condoléances émues à ses proches.»
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