Airbags défectueux : « Citroën a mis en danger la vie d’autrui » dénonce un avocat qui lance une action collective

Christophe Lèguevaques, avocat originaire de Toulouse et inscrit au barreau de Paris, va lancer jeudi après-midi une action collective en justice contre Citroën, après le rappel massif de voitures en raison d’airbags défectueux. L’avocat a déjà intenté une procédure qui est en cours contre Stellantis Citroën pour les problèmes de moteurs PureTech. Il était l’invité de France Bleu Drôme Ardèche ce mardi 4 juin.

Pourquoi lancer cette action collective concernant les airbags dangereux qui équipent des C3 et des DS3 ?

Me Lèguevaques : Parce qu’on nous l’a demandé. Les consommateurs sont très en colère de l’impréparation de Citroën dans ce dossier, qui a décidé de leur interdire de rouler et de ne pas organiser comme il devrait une prise en charge des réparations ou du remplacement des véhicules. Cela les met dans des situations catastrophiques en termes de travail, en termes de vie familiale, de vie tout court.

« Cela fait dix ans que Citroën connait le problème »

Mais ce qui est important aussi à comprendre, c’est que cette affaire n’est que la partie visible de l’iceberg. Puisque derrière tout cela, on apprend avec effroi que cela fait dix ans que Citroën connaît ce problème sur les airbags Takata. Et pour autant, elle n’a rien fait pendant dix ans.

Vous avez eu beaucoup d’appels concernant ces consommateurs en colère ?

Me Lèguevaques : Nous sommes submergés. On nous prend un peu parfois pour le SAV de Citroën, ce qui n’est pas le cas. Nous n’avons aucun moyen de proposer des véhicules de courtoisie ou d’intervenir sur les airbags. Pour ça, c’est assez décevant quand on appelle un avocat. Mais ce qu’on propose, ce qu’on leur dit à chaque fois, c’est qu’en se mobilisant, en se réunissant, l’union fait la force et on pourra se faire entendre et peut-être respecter par Citroën.

Des appels qui viennent de toute la France, de Drôme et d’Ardèche y compris ?

Me Lèguevaques : Bien sûr, de toute la France, de Drôme, d’Ardèche, du Sud, du Nord. Puisque là aussi, il y a quelque chose de surprenant.
Citroën prétend que cela ne concernerait que les véhicules en dessous d’une ligne magique, Clermont-Ferrand-Lyon, et les véhicules au-dessus ne seraient pas concernés par le risque. C’est un petit peu se moquer des gens. Parce que ça voudrait dire qu’on ne peut pas partir en vacances dans le Sud. Donc c’est du grand n’importe quoi ! Et c’est en réalité tous les véhicules C3, DS3 qui sont concernés, quel que soit leur lieu d’utilisation.

« Citroën a escroqué ses clients »

Plus de 250 000 voitures sont concernées en France. Cette action collective, elle est destinée à obtenir quoi pour les clients ?

Me Léguevaques : Déjà, obtenir une réparation de leurs troubles de jouissance puisque là, ils sont partis pour avoir une immobilisation du véhicule de plusieurs semaines, de plusieurs mois. Pour les professionnels, ça leur permettra d’obtenir certainement aussi les pertes d’exploitation. Quand on est infirmière, quand on ne peut plus utiliser son véhicule, c’est compliqué, notamment à la campagne. Et puis, il y aura aussi un préjudice moral, parce que ça fait maintenant dix ans que l’on roule avec une voiture dangereuse. L’action sera pénale puisqu’on considère que, dans ce dossier, Citroën a fraudé, Citroën a escroqué ses clients et Citroën a mis en danger la vie d’autrui.

Vous parlez de fraude et d’escroquerie ?

Me Lèguevaques : Oui. Citroën sait depuis 2013 que ces airbags Takata sont dangereux et pour autant, il n’a pas informé les clients qui achetaient ces véhicules. Si ce n’est pas une fraude, qu’est-ce que c’est ? On a dissimulé volontairement un élément important, déterminant dans le choix du véhicule.

On n’en serait pas à cette situation de crise si Citroën avait étalé les rappels de véhicules ?

Me Lèguevaques : Écoutez, changer les airbags de 250 000 véhicules, ça va se faire en combien de temps ? Je ne sais pas.
Il faut deux heures par changement pour le double airbag. Donc ça veut dire qu’il va y avoir grosso modo 125 000 heures de travail. Et 125 000 heures de travail, ça représente combien d’ouvriers, combien de garages concernés ?D’après moi, malheureusement, on n’est pas à la fin de nos peines puisqu’il y a au moins plusieurs semaines ou plusieurs mois d’attente avant que l’on puisse utiliser son véhicule. Et la question, c’est qu’est-ce qu’on fait en attendant ?

En attendant justement, quels conseils on donne aux clients ? On désactive l’airbag en attendant ?

Me Lèguevaques : Je mets simplement en garde du danger que représente cette action sur l’airbag, notamment vis-à-vis des compagnies d’assurance, parce que certains assureurs ont dit qu’ils n’assureraient pas les véhicules qui sont concernés et qui rouleraient. Donc malheureusement, je suis obligé de dire : soyez attentif, faites attention, parce que sinon Citroën et/ou les assureurs pourraient vous reprocher votre comportement.

« La rentabilité du groupe lui permet de faire face »

Quand on n’a pas de rendez-vous, est-ce qu’on peut envoyer un courrier à Citroën, à son assureur, en expliquant avoir fait les démarches. Est-ce que ça sert à quelque chose ?

Me Lèguevaques : Écoutez, Citroën est complètement à l’ouest, ils ne répondent pas au téléphone, ils ont un système informatique qui est saturé. Je ne suis pas certain qu’une lettre recommandée change grand-chose. En revanche, si vraiment vous avez besoin d’un véhicule pour aller travailler ou pour amener les enfants à l’école, pour faire vos courses, il faut peut-être prendre l’option de louer ou d’acheter une voiture d’occasion à petit prix. Et ensuite, mais je ne sais pas quand, on demandera à Citroën de rembourser tous les frais que vous avez dû consentir pour pouvoir continuer à vivre.

Très franchement, cette action collective-là, vous y croyez vraiment ?

Me Lèguevaques : Dur comme fer. Tout simplement parce qu’aux États-Unis, elle a fonctionné. Il y a eu des précédents. Et je pense que la rentabilité intrinsèque du groupe Stellantis lui permet de faire face. Je rappelle que l’année dernière, le groupe Stellantis a réalisé 187 milliards de chiffres d’affaires, 20 milliards de bénéfices et distribué 9 milliards de dividendes.

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