De Gaspé à Québec, les migrants à statut précaire vont se retrouver dès la fin du mois dans une situation de plus grande vulnérabilité encore. La Commission des services juridiques (CSJ) coupe le service d’aide dédié à l’immigration dans l’est du Québec. Résultat : des centaines de personnes devront trouver une autre solution pour être représentées en droit.
La nouvelle sème un vent de panique
dans un organisme communautaire de Québec, qui sert de courroie de transmission vers l’aide juridique.
J’ai plusieurs personnes pour qui je considère que c’est dramatique. Une jeune femme, 19 ans, demandeuse d’asile, qui a vécu des violences sexuelles…
, évoque la directrice générale du Carrefour d’action interculturelle, Laurie Arseneault-Paré, en guise d’exemple.
Plus de 200 personnes vont perdre leur avocat au 1er avril, témoignent des sources à Radio-Canada. La CSJ confirme qu’il s’agit du nombre de dossiers toujours actifs au bureau de Québec.
L’organisme communautaire accueille et accompagne les nouveaux arrivants à Québec.
Photo : Radio-Canada / Marie-Ève Trudel
Ça apporte beaucoup de détresse sur le plan psychologique, mais cette détresse-là, elle est transférée aussi dans les organismes communautaires qui les soutiennent, il y a beaucoup d’impuissance du côté des intervenants. Et ultimement, ce sont des personnes qui pourraient se retrouver en situation de crise […]. C’est irréaliste de penser qu’il y a de l’argent qui est sauvé en coupant un service comme celui-là
, ajoute Laurie Arseneault-Paré.
Depuis 2023, le projet-pilote permettait à un demandeur d’asile ou à tout autre nouvel arrivant ayant besoin d’aide pour régulariser son statut ou pour gérer une question relative au droit de l’immigration d’obtenir un accompagnement juridique accessible et personnalisé.
[Le service] est devenu essentiel à la minute où il a été mis sur pied. C’était vraiment un service qui était manquant dans la ville. C’est un service qui est manquant de manière générale dans la province!
Un suivi adéquat
sera offert
Dans une réponse écrite, la CSJ ne motive pas spécifiquement sa décision, mais indique observer, à l’échelle provinciale, une diminution de 30 % des demandes d’aide juridique en immigration au cours de la dernière année.
En 21 mois, l’équipe temporaire du bureau de Québec a traité 456 dossiers d’immigration, comparativement à près de 14 000 dossiers pris en charge par le bureau de Montréal pour la même période
, indique la vice-présidente de la CSJ, Me Nadine Koussa, qui a décliné notre demande d’entrevue, mais qui a accepté de répondre à certaines de nos questions par courriel.
Le bureau d’aide juridique de Montréal est implanté depuis les années 1980 et offre des services en droit de l’immigration. (Photo d’archives)
Photo : Radio-Canada
La CSJ assure qu’un suivi adéquat
sera offert aux personnes touchées qui se verront offrir de poursuivre leur recours juridique auprès du bureau de Montréal ou auprès d’avocats spécialisés en immigration qui acceptent les mandats d’aide juridique.
Des recours jugés insatisfaisants
Le Carrefour d’action interculturelle s’inquiète du fait que les avocats spécialisés sont quasi inexistants
.
Laurie Arseneault-Paré est directrice générale du Carrefour d’action interculturelle.
Photo : Radio-Canada / Marie-Ève Trudel
Très peu d’avocats en pratique privée acceptent les mandats d’aide juridique, observe Laurie Arseneault-Paré. Ceux qui se spécialisent en droit de l’immigration sont d’autant plus rares et souvent surchargés
, ajoute-t-elle, ce qui génère chez la clientèle beaucoup de colère, beaucoup d’incompréhension, beaucoup de peur
.
La CSJ assure que l’aide juridique demeurera gratuite pour ceux qui se qualifient, même pour les mandats relégués au privé.
Néanmoins, la principale conséquence pourrait être financière pour les personnes touchées, qui devront débourser des milliers de dollars pour requérir les services d’un avocat spécialisé en droit de l’immigration, dans l’éventualité d’un manque de disponibilité d’avocats qui pratiquent avec l’aide juridique.
C’est cruel
Deux avocats et deux techniciens assuraient l’offre de service au bureau de Québec, ce qui fait bondir le député de Québec solidaire, Étienne Grandmont, qui a été interpellé par le milieu communautaire.
Ça ne pèse vraiment pas lourd dans le budget de l’État québécois. […] Ce sont des économies de bout de chandelle de la part du gouvernement
, dit le député de Taschereau. C’est cruel, c’est inhumain comme décision
, ajoute-t-il, demandant au gouvernement de veiller à ce que la décision soit renversée d’ici la fin du mois.
Étienne Grandmont, député solidaire de Taschereau. (Photo d’archives)
Photo : Radio-Canada / Sylvain Roy Roussel
Le cabinet du ministre de la Justice, Simon Jolin-Barrette, a décliné notre demande d’entrevue, nous dirigeant vers la Commission des services juridiques pour toute demande d’informations.
À savoir si la décision pourrait être réévaluée, Me Koussa maintient le flou. La CSJ évalue de manière continue son offre de services et adapte celle-ci en fonction des développements et des besoins qu’elle observe
, écrit la vice-présidente.
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